Industriels français : mettez-vous au 4.0 !
L’industrie est en pleine évolution et connaît actuellement une révolution qui lance un challenge à l’ensemble des entreprises du secteur. Les mutations vont être colossales, et il convient d’aborder ensemble les tenants et aboutissants de la digitalisation et de la numérisation de l’industrie.
1. L’industrie 4.0, qu’est-ce que c’est ?
L’adjectif 4.0 renvoie au fait que nous entrons dans une quatrième révolution industrielle (après la machine à vapeur, l’électricité et l’électronique). Il s’agit d’une nouvelle ère qui va bousculer, et bouscule déjà les modes de production, de gouvernance, de travail dans les entreprises.
L’industrie 4.0 ou l’usine digitale intègre les innovations technologiques et numériques au cœur de leur stratégie afin de répondre aux besoins croissants de rapidité, de réactivité et de flexibilité de la part de la clientèle. Contrairement à la révolution électronique, l’objectif n’est pas d’améliorer quantitativement la productivité de l’entreprise mais bien au contraire d’agir sur la qualité et la pertinence du service en l’adaptant constamment à la demande.
La digitalisation des usines ouvre ainsi de nouvelles perspectives, élargit le champ des possibles en matière de biens et services et réorganise les chaînes de production d’un secteur (et souvent plusieurs secteurs puisque la transversalité, la polyvalence et la pluralité en sont les règles).
L’élément phare de cette révolution est l’information car il s’agit d’obtenir les meilleures données, en temps réduit, afin de pouvoir les traiter automatiquement via des logiciels. Cela engendre des débats juridiques sur la protection des données (notamment personnelles et bancaires), leur production (à qui peut-on fait confiance), leur collecte et leur revente à des tiers.
Ainsi, l’industrialisation, sous son volet 4.0, poursuit cette ambition forte : produire massivement des biens et services spécifiques, qui soient personnalisés au maximum pour répondre aux besoins précis de la clientèle. Et ceci, dans des temporalités et par des canaux de distribution défiants toute concurrence.
Les entrepreneurs peuvent donc proposer une gamme extensible et renouvelable à l’infini en fonction des besoins de chaque client, individu, consommateur ouvrant une ère où le client définit (par son profil, ses particularités, ses attendus) le produit que vous allez lui proposer.
2. Comment se matérialise l’industrie 4.0 ?
L’industrie 4.0 repose sur le principe simple : il s’agit de pouvoir proposer une combinaison infinie de produits sans changer la chaîne de production. Ainsi, chaque produit en devenir contient, via des procédés électroniques, toutes les informations données par la clientèle.
Les logiciels, en analysant ces données, s’occupent ensuite d’assembler toutes les composantes du produit voulu par la clientèle. Cela se traduit notamment par la SmartFactory de Kaiserslautern (Allemagne) ou la SpeedFactory d’Adidas qui a réussi à fabriquer des paires de running en un jour contre 18 mois avec un usine classique.
D’autres innovations apparaissent, que ce soit Amazon et son projet d’usine textile à la demande couplée d’une livraison des produits par drone et aidée d’un entrepôt volant, ou encore Microsoft et son casque Hololens à réalité augmentée ou même Google développant des véhicules à conduite automatisée où la voiture deviendra un « smartphone sur roues ».
L’industrie 4.0, dans certains secteurs, se met au service des humains afin d’améliorer et d’augmenter leurs capacités à prévoir, à décider et à connaître l’état réel de leurs outils de production.
Au Québec, L’institut technologique de maintenance industrielle (ITMI) et le TechnoCentre Eolien ont mis en place des éoliennes qui, via des logiciels, captent et transmettent des données en vue d’identifier par elles-mêmes la nature des interventions de maintenance à réaliser.
Au Tartarstan (Russie) des moissonneuses-batteuses intelligentes et sans chauffeur vont prochainement voir le jour et ressemble au projet de l’agriculteur français John Deere dont les machines sont reliées au réseau satellitaire et intègre la maintenance préventive (indiquant ce doit être révisé et réparé pour éviter les pannes durant les moissons).
Ces nouvelles technologies tendent de plus en plus à être accessibles aux PME industrielles, leur offrant de nouvelles possibilités de croissance et de développement majeur.
3. En France, où en sommes-nous ?
Nous devons malheureusement reconnaître que la France n’a pas encore pris le virage d’une conversion massive à l’industrie 4.0 et accuse, de fait, un retard par rapport à ses voisins européens et face à la concurrence internationale.
Le 7 novembre 2014, un Rapport portant sur « La nouvelle grammaire du succès : la transformation numérique de l’économie française » a été réalisé par Philippe Lemoine, alors PDF de LaSer, sous la direction des ministres de l’Économie et des Finances, du Redressement Productif et de l’Économie Numérique.
Ce Rapport comporte 180 propositions pour engager la France sur la voie du numérique. Ce Rapport constitue, en effet, les prémisses d’une nouvelle culture économique allant dans le sens de la numérisation industrielle. La 6e recommandation fait même explicitement référence au retard français puisqu’il est signifié d’« Élever le niveau d’ambition du Plan Industriel « Usine du Futur » au même niveau que le programme allemand « Industrie 4.0 ».
La France apparaît alors comme en retrait par rapport à l’Allemagne où, par exemple, l’entreprise SoftWare AG insuffle une culture du digital. Leurs modes de faire reposent sur la transversalité, l’entrecroisement de leurs offres et de leurs produits afin d’optimiser au maximum les rapports avec les clients.
C’est le principe du « customer journey » ou « voyage du client », dans lequel ses requêtes trouvent une solution efficace et rapide. L’entreprise SoftWare AG a notamment mis en lumière le concept d’éco-système numérique puisque leurs salariés proposent des services complets autour des bases de données (Big Data), de l’intelligence artificielle et le déploiement d’applications.
4. Les raisons d’être optimiste et de se lancer dans l’aventure :
La France compte plusieurs structures accompagnant l’innovation technologique et numérique dont le label French Tech, la Banque Publique d’Investissement (BPI), Station F, fondé par Xavier Niel et souhaitant accueillir 1 000 startups ou encore des structures comme l’ADEME (l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) et ENGIE qui proposent régulièrement des appels à projets.
Un nouveau statut a également été mis en place en 2014 pour permettre aux étudiants d’entreprendre durant leurs études avec le statut « Étudiant – Entrepreneur ». Les étudiants ont alors accès à des entrepreneurs, des formations spécifiques et également une visibilité sur les dispositifs de soutien financier.
Par ailleurs, le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, souhaite donner une nouvelle impulsion avec son programme de 10 milliards d’euros en faveur des start-ups innovantes, accompagné d’une fiscalité avantageuse pour les filières numériques et digitales.
La digitalisation rend possible, et commercialisable, n’importe quelle solution répondant à des besoins d’un consommateur, d’une entreprise ou d’une clientèle. Entrepreneurs, industriels, professionnels, entrez dans ce marché porteur, transformez votre entreprise ou allez à la conquête de ces marchés gigantesques, émergents et sans grande concurrence.
Nous assistons à un bouleversement comparable à celui d’Internet : les acteurs souhaitant se passer de ces outils n’auront aucune chance de survie économique. Dans ce contexte, les PME industrielles ont un rôle à jouer et de nombreux atouts à faire valoir : proximité, agilité, savoir-faire, etc., autant d’avantages qui mis en complémentarité avec de nouveaux modes de faire connectés, instantanés et digitalisés, peuvent permettre de concurrencer les grands groupes.