La réalité augmentée s’impose au cœur de l’Industrie 4.0
On la prenait pour un simple divertissement il n’y a encore qu’une paire d’année, la Réalité Augmentée (AR pour Augmented Reality) est en passe de se généraliser et d’être une part non-négligeable de l’Industrie 4.0. Elle risque même de supplanter la réalité virtuelle qui isole trop l’opérateur de son environnement. Le concept de l’AR c’est d’ajouter des éléments virtuels dans le champ de vision de celui qui l’utilise. Les dispositifs de visualisation sont de plus en plus performants et autorisent le développement d’une gamme d’applications quasi-illimitée. De nombreuses industries de pointe se sont déjà appropriées les technologies AR, elles vont rapidement faire leur apparition dans des structures de tailles plus modestes et quelles que soient leurs activités.
Une ascension fulgurante dans le monde professionnel
Il est déjà loin le temps où les Pokemons étaient les seuls à envahir virtuellement nos champs de vision. En seulement deux années la Réalité Augmentée a fait son apparition dans le monde industriel et même avant de conquérir celui des jeux vidéo, pourtant toujours en quête de technologies de ruptures. Le concept de l’AR n’est pas nouveau, il ne manquait qu’à cette technologie du hardware puissant, des capteurs miniaturisés et des logiciels adaptés. Lorsque l’on utilise un dispositif AR on perçoit la réalité du monde qui nous entoure, à la différence de la réalité virtuelle qui est immersive. On visualise également des objets virtuels de toutes sortes, sur lesquels on peut agir, et dont la position est automatiquement redéfinie en cas de déplacement de l’opérateur ou s’il bouge la tête.
On a donc une superposition d’un monde virtuel actionnable sur notre monde bien réel. Il devient tout à fait possible de faire apparaître une machine virtuelle, et même toute une chaîne de production, dans une pièce vide. On pourra la voir fonctionner en temps réel et la commander. C’est le principe de l’usine virtuelle qui rend possible le déploiement d’unités de production et de les tester avant même qu’elles n’existent.
Des domaines d’application virtuellement sans limites
Les industriels, surtout ceux qui sont déjà convertis aux bénéfices de la transformation digitale, ont été les primo-adoptants de cette technologie de rupture. Elle offre deux capacités majeures à leurs équipes. D’une part elles peuvent modéliser leurs processus-métiers, les chaînes de production et les produits qu’elles doivent créer et maintenir. Leurs fonctionnements et leurs cycles de vie sont calculés en fonction des données de production. On peut par exemple prédire les besoins en maintenance ou en service après-vente. D’autre part avec l’AR on peut créer des doubles de ces objets industriels. Safran ou Naval Group les utilisent pour faciliter la pose, la vérification et la maintenance des kilomètres de câblage dont ils équipent leurs produits.
En amont de la production et de la maintenance la Réalité Augmentée permet une formation et une documentation inégalable. Les apprentis peuvent se servir d’une machine virtuelle sans risque d’accident. Ceux qui doivent se former à la mise en œuvre de nouveaux processus-métiers et qui doivent également se former à la transformation digitale n’ont qu’à chausser leur casque d’AR et suivre pas à pas les recommandations de leur enseignant virtuel sur une machine bien réelle. Celui-ci explique les opérations au moyen d’une main virtuelle qui apparaît dans le champ de vision de l’opérateur. Celui-ci n’a plus qu’à respecter les mêmes gestes et les mêmes procédures. Pour la documentation le principe est inverse. L’opérateur désigne une partie de la machine, ou de tout autre espace comme une zone de stockage par exemple, et les informations qui leur sont attachées apparaissent sous ses yeux. Il pourra tourner les pages virtuelles de son manuel d’un simple geste des doigts.
Des gains opérationnels et financiers substantiels
La Réalité Augmentée procure de grands bénéfices opérationnels. Elle facilite et améliore l’apprentissage comme elle fluidifie les interactions entre les chaînes de production industrielles et leurs systèmes de gestion informatisés. Réel et virtuel sont mieux synchronisés. Avec l’AR industrielle on y gagne surtout en productivité. Tout l’espace de production peut être modélisé à l’avance et utilisé de façon optimale. Les bons gestes sont effectués aux meilleurs moments et dans les meilleures conditions de sécurité. La mise à jour des processus-métiers peut s’effectuer quasiment en temps réel car dès qu’une possibilité d’optimisation est détectée, ou requise par un client ou un opérateur, elle est calculée, reportée virtuellement et testée avant d’être appliquée de la meilleure façon qui soit. De la même manière la qualité des procédés et des productions peut être constamment améliorée.
Les supports de visualisation en constante évolution
Jusqu’à présent l’adoption pleine et entière de la Réalité Augmentée par le monde industriel n’est freinée que par le coût et les capacités des systèmes de visualisation. Leur prix est élevé, plusieurs milliers d’euros l’unité, et leurs performances sont moyennes. La taille du champ de vision couvert n’est notamment pas encore totalement satisfaisante. Les progrès sont néanmoins constants dans ce domaine. Le dispositif indépendant Hololens de Microsoft est actuellement le plus utilisé par l’industrie. Le casque Meta 2 de Metavision, toutefois relié à un ordinateur, apporte des capacités d’affichage et d’interaction très prometteuses. L’année 2019 sera celle de l’explosion de l’offre en termes de casques de Réalité Augmentée, tous les grands constructeurs en proposeront d’ici un à deux ans. Les dispositifs sur smartphones, au demeurant très évolués et performants, ne reste pour l’instant que d’un intérêt relatif pour un usage industriel, cela risque de changer rapidement.